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Le marais poitevin et autres zones humides

La Dive du nord

Entre vallées et plaines : la Dive du nord s’éveille !

Carte d’identité

Située au plein cœur de la région Poitou-Charentes, vaste territoire de 25 809 km² dans un contexte paysager de plaines et de vallées, la Dive du Nord est une petite rivière frontalière entre le département des Deux-Sèvres et celui de la Vienne. Elle vient par la suite traverser le département du Maine et Loire jusqu’à sa confluence avec le Thouet.

Elle émerge à la sortie Sud du village de Maisonneuve, à 116 mètres au-dessus du niveau de la mer dans le département de la Vienne. Cependant, la Dive du nord est en majeure partie alimentée en eau par la source de la Grimaudière, qualifiée de source « merveilleuse ». Cette dernière se situe au beau milieu d’un petit étang qui alimente le bief d’un ancien moulin et rejoint la Dive plus au nord.

La « Diva », est mentionnée pour la première fois en 967, sous le nom de Fluviolus Divae. Elle puise son appellation au travers de nos lointains ancêtre celtiques qui l’ont sacralisée et divinisée. L’appellation Dive appelant le mot Divin. Celle-ci d’une longueur de 80 kilomètres, a un bassin versant de 958 km² (source B.R.G.M 1999). Ses principaux affluents sont le Prepson, la Briande, le Canal St Martin et la Petite Maine.

La Dive du Nord est un cours d’eau en 1ère Catégorie piscicole privée au sud de la source située à Maisonneuve jusqu’à Pas de Jeu. A partir de cette dernière commune, elle est classée en seconde catégorie piscicole public jusqu’à sa confluence en rive droite avec le Thouet au niveau de Montreuil Bellay (Maine et Loire).

Autrefois marais …

Autrefois, le marais occupait plusieurs centaines d’hectares. Longtemps considéré comme  insalubre il fut à l’origine de nombreuses histoires. Le marais représentait une vraie contrainte pour les riverains. L’eau y séjournait pendant sept à huit mois par an en raison du sol tourbeux qui la retenait. Ce phénomène le rendait donc impraticable une grande partie de l’année.

Cependant, l’été lorsqu’il était asséché par les fortes chaleurs, il devenait un véritable atout grâce à l’humidité qu’il conservait. C’est alors qu’il permettait d’avoir des prairies verdoyantes, son sol étant fertile.

Au IVe siècle à Saint Jouin de Marnes, les moines de l’abbaye ont utilisé leurs connaissances en hydrologie afin d’assécher le marais pour le rendre cultivable. Par de nombreux travaux le paysage change, on passe d’un marais à une terre fertile et productrice.

et aujourd’hui les peupleraies !

La culture des peupliers s’est développée dans la région à partir de 1800 car elle permettait d’occuper les prairies alluviales dont la valeur d’élevage avait fortement diminué avec les méthodes modernes d’exploitation.

Son visage actuel

Sur l’ensemble de son cours, la Dive du nord présente plusieurs faciès que l’on peut décrire de la manière suivante :

Dans un premier temps, de Maisonneuve à Marnes, on peut parler d’une Dive naturelle avec quelques marais, présentant un aspect sauvage (relatif). Ensuite de Moncontour à Pas de Jeu, on retrouve la Dive des marais avec un enchevêtrement de bras et de canaux. Et pour finir, de Pas de Jeu à la confluence, on observe une Dive canalisée, rectiligne, ancienne voie économique d’évacuation des produits de la région de Moncontour. Une rivière et une richesse méconnue ! Par sa position géographique cette rivière reste relativement mal connue.

Et pourtant …

Quatorze ! C’est le nombre de Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique que côtoie la « Diva » sur tout son cours. Ces ZNIEFF sont caractérisées soit par leur intérêt floristique, avec des pelouses calcicoles de type méditerranéennes, soit par leur richesse avienne avec des oiseaux de plaine (Outarde canepetière, Œdicnème criard…). Comme on peut le voir, les alentours de la Dive semblent extrêmement riches. Et pourtant ces bordures, caractérisées par les parcelles de peupliers, les canaux, les prairies sont relativement méconnues au niveau de leurs richesses biologiques.

2003 : L’année de la Diva.

Pour pallier ce manque d’information, vis-à-vis d’une rivière qui semble réserver bien des surprises, une étude à été mise en œuvre afin d’établir un état des lieux des bordures de la «Déesse».

A l’initiative de DSNE, cette étude a permis de mettre en évidence une richesse spécifique très intéressante. Du point de vue mammalogique, la présence d’espèces comme la Loutre (Lutra lutra) à été démontrée par Vienne Nature à travers son rapport : «La Loutre, Lutra lutra dans la Vienne, statut passé et présent, avenir de l’espèce ; Mars 2001 ».
De plus, il se pourrait que le Castor d’Eurasie (Castor fiber) recolonise la Dive dans les années à venir, sa présence ayant été démontrée par le Syndicat Mixte de la Vallée du Thouet au niveau de l’embouchure avec le Thouet. C’est plus d’un tiers de l’Odonatofaune française que l’on retrouve sur les bordures de la Diva. Avec notamment l’Agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale), le Gomphe similaire (Gomphus simillimus) jusqu’à cette année jamais cité en Deux-Sèvres.

Des Lépidoptères, avec l’Azuré du serpolet (Maculinea arion), des Coléoptères comme le Lucane cerf-volant (Lucanus cervus), le Grand Capricorne (Cerambyx cerdo), espèces d’intérêt européen, sont présents.

De la Grimaudière (source principale) à Moncontour se trouve la zone la plus «sauvage» de cette rivière. Sur ce linéaire d’environ 8 km, on trouve en effet des zones avec des rives «naturelles», fait rare en Poitou, constituées principalement :

– ripisylves d’Aulnes et de Frênes (habitat d’intérêt européen)

– ceintures d’hélophytes de plusieurs mètres de large (Carex des rives, Iris faux-acores, Populage des marais, Pragmites…)

– herbiers aquatiques nombreux (Lentille, Nénuphar jaune, Cresson des fontaines, Myosotis des marais…).

Bref ! Bien des richesses qui mériteraient l’instauration d’un périmètre Natura 2000 !

Alexandre Boissinot, Deux-Sèvres Nature Environnement