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Gestion des déchets : “Objectif zéro déchets” ?

OBJECTIF ZERO DÉCHET,
UTOPIE OU RÉALITÉ ?

Les méthodes des collectivités ayant obtenu les meilleurs résultats au monde e n matière d’élimination et de valorisation des déchets.

JANVIER 2004

© Association Décentralisation & Initiatives Locales –
3,rue de Vanves – 92100 BOULOGNE BILLANCOURT
Tel : 01 46 94 06 93 ! Fax : 01 55 20 95 29
N° SIRET : 449 903 087 00012 1 code AP E:913 E

NOS RICHESSES CREENT DES DÉCHETS,
CREONS DES RICHESSES AVEC NOS DÉCHETS !

De plus en plus de gouvernements, de collectivités et d’entreprises à travers le monde ne considèrent plus les déchets comme un problème à brûler ou à enfouir, mais comme des ressources valables, pouvant alimenter d’autres industries, créer des opportunités économiquement viables, offrir de nouveaux emplois durables, protéger efficacement leur environnement et réduire considérablement la mise en décharge et l’incinération.

Pour accompagner l’action et les changements qu’implique une telle stratégie, certaines organisations adoptent sur leur territoire des concepts « ZÉRO DECH ET » comme politique, direction, méthode, nouvelle pensée, mais plus encore comme vision à long terme pour réduire les déchets et planifier des principes efficaces de leur valorisation en ressources pour maximiser les opportunités d’emplois et de développement économique locales, et pour accéder à un plus grand degré d’autonomie sur leurs territoires.

OBJECTIF ZERO DÉCHET est l’occasion de présenter toutes les dimensions de cette méthode aux élus et aux cadres territoriaux des collectivités locales, de confronter les expériences menées depuis dix ans parles collectivités dans le monde, et de présenter une méthode alternative durable pour enrichir et inspirer la mise en oeuvre de Plans Locaux de Gestion des déchets adaptés aux enjeux du XXlème siècle.

Didier TOQUE
Président
René PLATEL
Directeur Général

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OBJECTIF ZERO DECHET

I-UNE APPROCHE GLOBALE POUR ELIMINER LES DECHETS ET VALORISER LES RESSOURCES

OBJECTIF ZÉRO DÉCHET propose une« approche globale » peur mettre en oeuvre un plan local de gestion des déchets conforme à l’ensemble des priorités établies parle Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable lus de sa présentation « La politique des déchets ménagers et assimilés », notamment, en Conseil des ministres le 04 juin 2003, à savoir :

- Réduire la quantité de déchets produits

- Promouvoir la récupération de matière et d’énergie

- Minimiser les impacts des installations sur la santé et l’environnement

- Adapter les capacités d’élimination de déchets aux besoins

II- UN OBJECTIF CLAIR : ZÉRO DÉCHET EN 15 ANS

Autour de deux idées fortes : “Au lieu de produire des déchets, on produit des Ressources” et simultanément “On crée les filières locales pour Valoriser ces Ressources”, Objectif ZERO DECHET est une méthode qui propose aux collectivités territoriales de se détourner progressivement de la mise en décharge et de l’incinération

- 50% de leurs déchets en 5 ans

- 75% en 10 ans

- Vers le ZERO DECHET en 15 ans

III- DES RÉSULTATS EXCEPTIONNELS POUR LES COLLECTIVITÉS

L’une des premières stratégies formelles ZÉRO DÉCHET fut lancée en 1996 lorsque la capitale d’Australie, la ville de CANBERRA – 300 000 habitants, se fixa un objectif
« Zéro déchet en 2010 ». En 6 ans, Canberra a réduit ses 440 000 tonnes de déchets annuels de 40°/o, le recyclage a augmenté de 80%,51% des déchets ont été détournés des décharges ou des incinérateurs et plus de 200 emplois directs ont été créés.

Au CANADA, T0RONTO vient d’achever son plan « 60% de diversion des déchets en 2006 et ZERO DECHET en 2010 ». EDMONTON a déjà réalisé une baisse de 70% des ordures ménagères envoyées en décharge sans aucune incinération. OTTAWA, HALIFAX, GUELPH, la NOUVELLE ECO SSE,etplus de 80 collectivités ont adopté des objectifs ZERO DECHET. En Nouvelle Ecosse et à l’initiative des citoyens, 50% des déchets ont été détournés en moins de 5 ans, et les municipalités leaders dans le ZÉRO DÉCHET ont atteint le taux de 70% de diversion de leur mise en décharge.

Le gouvernement de NOUVELLE ZELANDE a adopté en Mars 2002 une politique nationale ZÉRO DÉCHET. Plus de 50% des collectivités locales également.

Aux USA, en Californie, 48% des 70 millions de tonnes de déchets annuels ont été détournés des décharges. Sur les 279 contés et villes (SEATTLE, SAN FRANCISCO, DEL NORTE, SANTA CRUZ,..) engagés dans une politique ZERO DEC HET, 59 collectivités ont déjà détourné 60% des déchets de leur décharge, 16 déclarent un détournement de 70% et plus, 2 ont atteint le taux de 85 %, et une communauté celui de 91%.

En ALLEMAGNE, les Lads de Bade Wurtemberg, Saxe et Sarre ont atteint le taux de 50% de diversion des décharges et de l’incinération.

En GRANDE BRETAGNE, le conté d’ESSEX fut le premier à adopter un objectif de 60% pour 2007 et son premier dispositif pilote a déjà presque réalisé cet objectif.

IV- LES ENTREPRISES “ZÉRO DECHET”

Le ZÉRO DÉCHET guide également les fabricants et les industriels dans la re-conception des flux de l’industrie de la consommation pour le 21ème siècle.

Rank Xerox Europe, à VENRAY aux Pays-Bas, a mis en place un plan ZÉRO DÉCHET autour du concept de « distribution inversée ». L’entreprise récupère les photocopieurs usagés de 16 pays européens, réutilise leurs pièces détachées, recycle les matériaux et n’envoie en décharge que 5% des matériaux retournés. L’économie ainsi réalisée est estimée à 100 millions de $ sur 10 ans !

Les Brasseries ZERI en Afrique et en Suède, au Japon et au Canada, utilisent autour d’un plan directeur « Zéro Déchet » plus de 40 procédés biochimiques différents pour tout réutiliser. Un digesteur transforme les déchets organiques en chaleur et en énergie, l’eau alcaline alimente un élevage d’algues qui lui-même alimente un élevage de poissons, les déchets de céréales sont utilisés pour flaire pousser des champignons.

Les vignobles FETZER, en Californie, recyclent tout : papier, carton, palettes, antigel, barriques compostent les bouchons et les grains de raisin, etc. Leurs déchets ont été réduits de 93% en moins de 5 ans, et leur plan prévoit ZÉRO DÉCHET en 2009.
TOYOTA, HONDA, RICOH, DUPONT, KlIMBERLEY,… ont également obtenu des résultats considérables avec la méthode ZÉRO DÉCHET.

V- LE CONCEPT « ZERO DECHET »

OBJECTIF ZÉRO DÉCHET est une approche globale, qui considère qu’au lieu de produire des ordures, on produise des « Matières Premières » destinées à alimenter d’autres processus industriels, marchands ou naturels, et que simultanément on bâtisse les infrastructures et les filières économiques « locales » pour réduire, re-designer, re-vitaliser, réutiliser, régénérer, recycler, réparer, composter, re-fabriquer,re-vendre,redistribuer, et créer de la valeur avec ces « Ressources ».

OBJECTIF ZÉRO DÉCHET est une méthode « Qualité » pour accompagner les collectivités dans le management de leurs déchets. C’est la pierre angulaire d’une nouvelle économie, celle des matériaux de 2ème génération qui va plus loin que les programmes de recyclage ou de compostage traditionnels.

ZÉRO DÉCHET est une altem ative à l’inflexibilité des systèmes centrés sur l’incinération et la mise en décharge. II permet de transformer la production linéaire des déchets en procédés circulaires qui utilisent des “Ressources” pour créer des emplois, des opportunités économiques et des richesses dans les collectivités locales.

Le ZÉRO DÉCHET offre aux collectivités locales un cadre structurant qu’elles peuvent concevoir en fonction de leurs besoins, des outils et des méthodes pour fédérer les initiatives, accompagner l’action et le changement, fluidifier leurs économies locales, et devenir plus autonomes sur leurs territoires.

VI- LES PRINCIPES ORGANISATIONNELS DU « ZÉRO DÉCHET »

L’expression ZÉRO DÉCHET s’inspire du concept japonais de gestion intégrale de la qualité « Total Quality Management (TQM) », influencée par des idées comme le « Zéro Défaut » qui se sont montrées très efficaces et ont provoqué de nombreuses et surprenantes améliorations des technologies et des économies de production.

En tant que principe organisationnel, la stratégie ZÉRO DÉCHET :

- Vise à la non production des déchets, plutôt qu’à leur destruction.

- Fournit des objectifs précis et progressifs pour continuellement réduire les déchets.

- Est un label unique pour accompagner efficacement la mise en oeuvre de technologies de transition qui puissent à la fois se rapprocher de l’objectif et ne jamais bloquer cette progression.

- Donne à tous, collectivités, industriels, associations et citoyens, une vision claire des objectifs à atteindre.

- Cherche à réaliser des économies et de nouveaux revenus dans les procédés actuels. Crée de nouveaux marchés pour des biens ou des services existants.

- Permet de redessiner l’actuel schéma de flux des déchets, linéaire et unidirectionnel, en flux circulaire basé sur le modèle naturel des écosystèmes.

- Encourage le tri à la source, de nouvelles méthodes de collecte, la responsabilité étendue des producteurs et tous les principes de valorisation des matières.

- Permute l’augmentation des coûts de l’incinération et de la mise en décharge en ressource industrielle à valeur ajoutée.

- Est une véritable alternative à l’extension des décharges et des incinérateurs.
– Est économiquement une option viable et prouvée sur le long terme.

VII- LES PRINCIPES DE MISE EN OEUVRE POUR LES COLLECTIVITÉS

1- RÉGLER LE COMPAS

La 1ère caractéristique de toutes les politiques de diversion efficaces est la « force de
l’idée » portée par les élus.

2- METTRE EN SCÈNE LES OBJECTIFS

Les bons objectifs doivent refléter, “l’impatience” de les atteindre. Ils permettent d’étalonner la progression et d’évaluer les résultats : -50% en 5 ans est parfaitement réalisable parles collectivités, 75% en 10 ans, vers le ZERO DECHET en 15 ans.

3- LE PRINCIPE DE PARETO

Un petit nombre de causes sont responsables de 80% des effets d’un problème. Si une
collectivité développe un petit nombre de programmes bien choisis pour récupérer des
ressources, elle atteindra rapidement l’objectif de – 50% de mise en décharge.

4- LE SYSTEME A 3 FLUX

1-Les Déchets Organiques (1ère priorité, 30 à 50% des poubelles en U E),
2- Les Déchets Recyclables Secs,
3- Les Déchets Ménagers Résiduels et les Encombrants.

5- DRESSER LA CARTOGRAPHIE

Composition des déchets Identification des sources & quantités Audit des installations existantes.

6- ÉDUCATION & CONCERTATION SOCIALE

Information, concertation et délibération avec les citoyens Opportunités économiques, emplois. Démarche qualité, environnementale et durable.

7- PAYEZ CE QUE VOUS JETEZ

Les meilleures expériences menées dans le monde par des collectivités utilisent le principe du « payez le poids de ce que vous jetez ». Le gain est de 15% de diversion des décharges. Le moyen pour les collectivités locales de changer leurs stratégies de financement, y compris avec les industriels.

8- LES MATÉRIAUX DE 2EME VIE

Une nouvelle économie basée sur l’amélioration de la qualité et la garantie des quantités
d’approvisionnement en “ressources”.

9- FINANCE, LES ÉTAPES PRINCIPALES

Les coûts de « start up » : un budget pour la transition La baisse des coûts : l’exploitation se rentabilise avec la hausse, la régularité et la qualité de l’approvisionnement. Un double flux de revenu : le financement budgétaire de base qui baisse, les revenus des matériaux qui augmentent Les investissements deviennent immatériels U n système viable à long terme Au fur et à mesure que les coûts de collecte et de traitement baissent, les revenus augmentent et les coûts d’élimination diminuent.

VIII -UNE APPROCHE GLOBALE POUR FÉDÉRER TOUS LES ACTEURS CONCERNES

OBJECTIF ZÉRO DÉCHET fédère autour d’un même concept fous les acteurs concernés : collectivités, citoyens et entreprises. OBJECTIF ZÉRO DÉCHET permet notamment d’offrir à chacun une vision claire de son rôle dans la chaîne des initiatives mises en oeuvre pour atteindre les objectifs fixés.

ECO CONCEPTION DES PRODUITS DE CONSOMMATION

Les collectivités fixent le cap et les objectifs, encouragent et soutiennent le développement des filières de valorisation, assurent la formation des citoyens, et fixent les règles du jeu.

Les industriels concentrent leurs efforts dans l’éco-conception, une approche m ulti critères des problèmes d’environnement : (eau, air, soi, bruit, déchet, matières premières, énergie) sur l’ensemble d u cycle de vie des produits, de l’extraction des matières premières, jusqu’au traitement en fin de vie.

Les citoyens assurent un rôle central, notamment par un tri à la source de meilleure qualité, et l’augmentation et la régularité des approvisionnements en “ressources” des nouvelles filières d e valorisation.

IX – LES TENDANCES ÉMERGENTES CHEZ LES INDUSTRIELS

Les tendances émergentes ont toutes pour objectif de réduire la pression de l’industrie de la consommation sur la production à la source des déchets, et simultanément sur l’appauvrisser, lent des ressourcés naturelles.

1- Vendre des services plutôt que des produits
Intérêt des producteurs à allonger le cycle de vie des produits

2- Design pour l’environnement
Nouveau métier pour s’assurer que tous les coûts, dont ceux de l’environnement, sont pris en compte dés la conception des produits

3- Design pour le désassemblage
Nouveau métier pour assurer la réutilisation de pièces dans la fabrication des produits

4- Design pour la Re-fabrication
Réutiliser les parties d’un produit ! à l’extrême, re-tarauder une vis…)

5- « Cleaner » production
Réduire l’impact environnemental de la production d’un produit

6- Dé Matérialisation
Utiliser moins de matériaux pour produire le même service

7- Modularité dynamique
Les produits sont conçus en module pour ne remplacer que les parties usés, et donc allonger le cycle de vie des produits

8- Responsabilité étendue du producteur
Les fabricants sont responsables de l’ensemble du cycle de vie produit + emballage

9- Logistique inversée
Les détaillants Ment leur circuit de distribution pour récupérer les matériaux et les envoyer dans des unités de recyclage ou de réutilisation

10- Mouvement pour la simplicité
Une tendance qui se développe aux USA et au Canada pour réduire le matérialisme pour
une meilleure qualité de vie (40 nouveaux magazines aux USA)

IX- PERMUTER LES COÛTS D’ÉLIMINATION EN RESSOURCES INDUSTRIELLES A VALEUR AJOUTÉE

1- En France, 266 millions de tonnes de déchets sont concernés perla méthode OBJECTIF ZERO G EC NET :les déchet municipaux pour 47 mitons de rennes dont 22 millions de tonnes d’ordures ménagères, 11 millions de tonnes de déchets encombrants, verts et résiduels des ménages, 14 millions de tonnes de déchets des collectivités). Les déchets industriels banals qui représentent 89 millions de rennes, eu es déchets du BTP pour 130 millions de tonnes. Soit un total de 266 M de tonnes. (source IFEN 2002)

2- En ce qui concerne les 47 musons de tonnes de déchets municipaux, 43% d’entre eux sont stockés en décharge, et 36% sont incinérés, soit 79° ;° de destruction au total Ceci représente un gisement de 37,1 millions de tonnes de”ressources”à valoriser.

3- Actuellement, le coût moyen d’incinération en France est de 78 ;È la tonne, soit pour les 36% des 47 millions de tonnes de déchets (16,9 MT ),un coït de 16,9 MT x 78 € =1,3 Milliard €. Le coût moyen du stockage des déchets est de 515- E la tonne, soit pour 43% de 47 MT, 20,2 MT x55€=1,1 Milliard €.

4- Un objectif de 50% de détournement des 47 millions de tonnes de déchets municipaux gela décharge et de l’incinération en 5 au, soit 23,5 millions de tonnes, représente le moyen de permuter 7,2 Milliards d’Euros (50% de 1,3 + 1,1 Milliards j des coûts d’élimination, en investissement dans le développement .durable de nouvelles filières de valorisation, de nouvelles méthodes de collecte à la source, et de campagne de sensibilisation des publics.